Si on balaye du regard la piscine de l'orientation, on peut avoir l'impression que celle-ci est équilibrée.
De fait, la part des femmes diplômées du supérieur augmente dans les pays occidentaux. Elles représentent 57% des licencié·es aux États-Unis en 2006.
Pourtant, seuls 17% des métiers sont mixtes, la proportion d'hommes dans le domaine de la tech est de 70% et les femmes sont 88% à choisir de s'orienter dans le tertiaire (welcome to the jungle). Comment ?
stéréotypes de genre et orientation
Je me souviens d'une fois où, en discutant avec une nageuse de la communauté, celle-ci m'avait sorti qu'elle « préférait réussir dans sa vie personnelle, quitte à sacrifier sa vie pro ». Ça m'avait d'autant plus marquée que son binôme n'avait jamais eu à rélféchir à la question, comme s'il coulait de source que 1/ les deux se conciliaient 2/ que cette réflexion n'avait pas lieu d'être puisque sa co-nageuse endosserait la charge mentale perso.
Dans la même veine, une amie m'a récemment confié réfléchir à sa carrière en pointillé en se demandant quelle ligne de nage était la plus avantageuse pour ne pas perdre en grade après une sortie de bassin.
Pour l'un et l'autre cas, j'avais trouvé ça wtf de me dire qu'avant même de plonger dans le grand bain, on avait appris à penser à sa carrière natatoire comme incomplète, voire avec une retraite anticipée fort tronquée par rapport à nos homologues masculins pour qui « réussir » ne semble pas se parer d'un choix cornélien entre la vie pro et celle perso
En enregistrant l'épisode avec Gaëlle, ces questionnements ont refait surface. Voici quelques pistes trouvées en guise de réponse.
ouais mais c'est quoi la mixité ?
Une équipe de nage est considérée comme mixte à partir du moment où la part des hommes se situe entre 40% et 60% de l'effectif (welcome to the jungle).
Si la massification de l'enseignement primaire puis supérieur a permis aux filles de se lancer à l'eau, les spécialisations choisies restent très stéréotypée. Ainsi la (feu) filière littéraire est composé à 80% de nageuses tandis que les nageurs se tournaient vers les filières scientifiques et économiques.
Cette différence se retrouve dans les études supérieures. par exemple, en CPGE littéraire on compte 76% de nageuses vs. seulement 29% en filières scientifiques (L'orientation au prisme du genre - Cairn)
mais ça vient d'où ?
Ces stéréotypes de genre sont présents à la fois dans l'éducation, notre socialisation (les jeux, les manières de se comporter etc.), et les récits que l'on nous partage en grandissant.
d'autres critères entrent également en jeu comme la question géographique. dans son livre « les invisibles de la république », salomé berlioux interroge les trajectoires des nageur.ses de la france rurale vs. citadine dont la localisation influence également les choix d'orientation à venir via l'accessibilité à certaines filières par exemple.
Autant dire qu'on a une bonne marge de progression devant nous.
comment changer ces biais ?
Alors certes, la piscine joséphine baker ne s'est pas construite en un jour mais voici quelques pistes pour influencer l'inclusivité dans les trajectoires :
passer par le langage pour influencer nos imaginaires avec - par exemple - l'écriture inclusive. dans le podcast « orientation scolaire, peut-on sortir des biais de genre ? » (france culture), des lycéen.nes illustrent ce point avec le terme « ingénieur ». De fait, notre imaginaire collectif fait qu’instinctivement, à la mention du terme « ingénieur », on pense à un homme... et non à une femme. Mais c'est aussi valable pour des métiers connotés comme féminins. Fabien Olicard fait également la démonstration de ce biais dans la piscine dans son format Matière Grise sur les biais cognitifs – avec le terme « médecin ».
jouer sur la représentativité pour que chacun.e puisse se projeter dans un métier indépendamment de son genre. Pour les jeunes nageuses en leur montrant des images de femmes occupant des postes « inhabituels » mais aussi – et surtout – de leur âge ou presque. Cette proximité rend l'identification plus prégnante et l'ambition d'égaler les performances de ces nageuses plus accessible.
mettre en place du mentorat / accompagnement des jeunes filles pour les encourager à s'orienter vers des filières considérées comme masculines comme le fait 50inTech ou Women in Games pour n'en citer que deux.
Comme tout changement, cela prend du temps, mais l'important est d'avancer, non de couler dans la piscine.
les rapports annuels sur l'état du sexisme en france par le Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes (ici celui de 2019)
les initiatives comme 50inTech, Women in Games ou des programmes d'incubation à destination des femmes (le Sprint makesense ou Source de Creatis tous les deux financés par le Fond Social Européen). Toutes travaillent à rendre leurs domaines respectifs plus paritaires à leur manière
Envie d’apprendre à te connaître ? De créer une vo·i·e à ton image ? Viens faire le point sur ton parcours avec La culbute, le parcours introspectif by La piscine. Je t’y aide à (re)mettre du sens dans ta vie pro. Tu y trouveras fiches, exercices et inspiration pour trouver ta voie et prendre ta place 🤿